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Ron Gilbert, le créateur de la saga Monkey Island, vient de s’amuser à un petit jeu des plus frustrants pour les fans que nous sommes : imaginer ce que pourrait être le prochain Monkey Island s’il était créé par lui ! :p

Rentrons directement dans le vif du sujet, je lui laisse la parole :

Traduction par MonkeyIsland.fr (copie sans lien non autorisée) :

Si je devais faire un autre Monkey Island…

Bon, je sais, ça sonne comme le titre du livre d’O.J. Simpson. Je m’en suis rendu compte après l’avoir écrit, mais je ne vais pas le changer.

Donc, avant d’entrer dans le vif de ce sujet fantaisiste, je veux qu’une chose soit très claire… d’ailleurs je vais en faire mon premier point. C’est sans doute le point le plus important. Pour le coup, je vais en faire mes deux premiers points.

Un – Je ne suis pas en train de faire un autre Monkey Island. Je ne prévois pas de faire un autre Monkey Island. Je ne suis pas en train de prévoir de faire un autre Monkey Island.

Deux – Permettez moi d’insister. Il n’y a pas de nouveau Monkey Island en cours de réalisation et je ne prévois pas d’en faire un. Je suis uniquement en train de penser, de rêver… et je vous invite à en faire autant avec moi. S’il vous plait, gardez vos mains à l’intérieur du bateau et ne vous mettez pas debout, où vous pourriez être trempés.

Mais, si je devais faire un autre Monkey Island…

Trois – Ce serait un jeu rétro qui remémorera Monkey Island 1 et 2. Je le ferais en “basse-résolution améliorée”. Avec de l’art rétro bien croustillant mais amélioré par les machines que nous avons aujourd’hui : parallaxing, depth of field, warm glows, etc. Toutes les choses que nous voulions faire en 1990 mais que nous ne pouvions pas faire. Monkey Island mérite tout ça. C’est authentique. Il n’a pas besoin de 3D. J’ai vu les vidéos, c’est très sympa, mais Monkey Island doit être ce qu’il est. Il doit être le Monkey Island dont nous nous souvenons tous.

Quatre – Ce serait un jeu d’aventure hardcore, réalisé avec les mêmes motivations qu’à l’époque. Aucun tutoriel ou système d’indices ou énigmes de tafioles ou conçu pour le grand public ou pour le monde moderne. Ca serait un jeu d’aventure fait pour la difficulté. Vous allez rester coincé. Vous allez être frustrés. Certaines énigmes seront difficile, mais toutes les énigmes seront réalisables. C’est un des aspects dont nous sommes le plus fier sur Monkey Island. Lisez ceci.

Cinq – J’enlèverai le menu de verbes. J’adore ces verbes, réellement !… et il serait difficile d’enlever ces verbes… mais ça fait crade. Ce n’est pas aussi affreux que ça puisse y paraître. Je ne me suis pas encore assez penché sur la question (ce n’est pas que je travaille dessus, mais si je travaillais dessus… ce que je ne fais pas… je pense que je ne me serais toujours pas penché sur la question). Mais je pense que je changerai d’avis… ou pas. Hmmm.. les verbes.

Six – Un inventaire bien complet. Avec des beaux gros icones tout jolis. La première version de Monkey Island 1 n’avait que du texte pour l’inventaire, et plus tard avec Monkey Island 2, quand il y a eu des gros icones, c’était le nirvana. Ils seront tellement beaux que vous aurez envie de les lécher ! C’est un point important.

Sept – Il y a aura une version boite. J’imagine que la grande majorité sera vendu de manière numérique, mais parfois on a envie de pouvoir se rouler dans toutes vos boites de jeux d’aventure. Je sais puisque je le fais. Et où mettriez-vous la roue à codes ?

Huit – Il y aura des casses-tête de dialogue. Il n’y a pas réellement de casses-tête mais c’est comme ça que nous les appelons. Etre capable de raconter quatre blagues en même temps et être perdu dans l’humour est la base de Monkey Island. Personne n’a réussi à faire mieux depuis. Ce n’est que mon avis.

Neuf – Je referais SCUMM. Pas exactement le même SCUMM avec le même langage, mais le même type de SCUMM, celui qui a amené ce type de jeu. C’est un langage fait pour les jeux d’aventure et les itérations rapides. Il fait des choses dont Lua ne pourrait pas rêver. Quand Lua était au Lycée, SCUMM lui a cassé la gueule pour l’argent de son déjeuner. Histoire vraie. SCUMM vie et respire pour les jeux d’aventure. J’ai fabriqué un moteur et un langage où nous pouvions délirer sur des idées délirantes au déjeuner et les intégrer dans le jeu dans l’après-midi. SCUMM l’a fait. C’est quelque chose qui se perd aujourd’hui.

Dix – Ce serait fait avec une très petite équipe. Pas 30 ou 20, mais 10 voir moins. Cela voudrait dire que le jeu mettrais plus de temps à être fait, mais cela serait plus personnel et fabriqué avec amour. De l’amour pour les singes. Euh… non c’est pas ce que je voulais dire…

Onze – Le seul moyen de vouloir et pouvoir faire un nouveau Monkey Island serait d’avoir la propriété intellectuelle. J’ai passé trop de temps dans ma vie à créer et fabriquer des choses pour les autres. Non seulement je vous autoriserais à faire un fan-game de Monkey Island, mais en plus je vous y encouragerais. Cataloguez les en tant que tel, respectez le monde et les personnages et ne prétendez pas qu’ils sont des oeuvres d’art. Bien sûr, une fois que les avocats verront cette dernière phrase, ils en feront un pavé de 7 pages.

Douze – Il s’appellerait Monkey Island 3a. Tous les jeux après Monkey Island 2 n’existent pas dans mon univers. Toutes mes excuses à toutes les personnes talentueuses qui ont travaillé dessus et tous ceux qui les aiment, mais je veux continuer là où je me suis arrêté. Libre de tout bagage. Dans le carnaval. Cela ne veut pas dire pour autant que je ne garderais pas quelques bonnes idées des personnages des autres jeux… Je ne suis pas contre ça.

NDLR : Après plusieurs retour au sujet du point 12Ron Gilbert a souhaité revenir dessus pour clarifier un peu mieux les choses 😉

Treize – Ce ne serait pas le Monkey Island 3 que j’avais prévu de faire en 1992. Déjà parce que je ne suis plus la même personne et surtout parce qu’il serait complètement démodé. Le nouveau serait bien mieux.

Quatorze – La presse n’aura pas de copie avant tout le monde. Je connais toutes les raisons pour lesquelles ils veulent le même jeu mais en avance, et elles sont toutes acceptables, mais je préfère qu’ils y jouent en même temps que vous. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas. Mon score sur Metacritic espère qu’ils ne m’en voudront pas.

Quinze – Il y aurait des voix. C’est quelque chose dont nous rêvions par le passé et c’est quelque chose que nous pouvons faire aujourd’hui.

Seize – Si j’utilisai Kickstarter, il n’y aurait pas de superbes vidéos de moi faisant du charme (comme je sais si bien le faire). Pas de concept art ou de promesse grandiose ou d’objectif ambitieux ou de récompenses ridicules. Cela serait franc et honnête. Cela serait sans matraquage ou distractions qui ne feraient que me faire perdre du temps pour créer le meilleur jeu que je puisse faire. Je vous l’assure, je n’ai pas l’intention de gagner plein de fric et battre des records. Je veux juste faire un jeu.

Dix-sept – Le jeu serait le jeu que j’ai envie de faire. Je ne veux pas la pression de faire le jeu que vous voulez que je fasse. Je disparaitrai pendant une longue période pendant laquelle je ne serai pas sans arrêt en train de vous mettre au courant. Je ferai les choses comme je les aime. Si vous me laissez faire, vous aimerez ce jeu. Ca, je vous l’assure.

J’espère que vous avez pris autant de plaisir à lire tout ça que j’en ai eu à l’écrire.